CARTA
DE ALBERTO REGUERA PARA OSCAR ALONSO MOLINA.
Madrid,
9 de julio de 2005 Querido Oscar:
Te quería hablar de esta nueva exposición individual de
París que se compone de 16 piezas de pequeño y mediano formato.
Ya hace un año, presenté en Madrid una exposición
individual donde ponía mucho énfasis en los lados del cuadro.
No sólo como mero estiramiento de aquellas visiones atmosféricas
(los lados del cielo) sino como instantáneas que cortan el aire
pintado y nos ofrecen las tripas del cuadro. Por ello, a partir de ahora,
el cuadro no será sólo una abstracción de un paisaje
romántico; ahora se convierte en un objeto en sí. Toman
otra dimensión: cubos transparentes llenos de pigmentos flotantes
o de luces que viajan. La obra "diseca" el momento del corte
y el espectador observa que de sus lados rezuma y sobresale "la nata
de la pintura". Son unos dados matéricos diseccionados donde
observamos todas esas entrañas pictóricas. El corte nos
deja ver las transparencias y colores superpuestos, como si se tratara
de un "milhoja" cortada con afilado cuchillo. Y los títulos
de esta muestra hacen referencia a esto: "Univers tranchés"
(2004), o "Atmosphéres incandescents in disection" (2004).
Pues no sólo la materia se corta, también el aire. Hemos
atrapado en un cubo imaginario un trozo de atmósfera. P.ej. en
"Matiéres in gravitation" (2004), o en "Les Chemis
dans l'air" (2004). Visiones aéreas o fragmentos celestes
cuyos lados nos muestran las superposiciones de transparencias. |

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LETTRE
D'ALBERTO REGUERA POUR OSCAR ALONSO MOLINA.
Madrid,
le 9 juillet 2005
Cher Oscar,
Je souhaitais te parler de cette nouvelle exposition individuelle à
Paris qui est composée de 16 toiles, en petit et moyen format.
Il y a un an, lors de l’exposition individuelle que j’ai présentée
à Madrid, j’ai accordé une grande importance aux bords
du tableau. Non seulement comme simple extension de ces visions atmosphériques
(les bords du ciel) mais aussi comme des instantanés qui tranchent
l’air peint et nous offrent la toile dans toute sa vérité.
Ainsi, à partir de cette recherche, le cadre n’est plus une
abstraction d’un paysage romantique, il devient (à présent)
un objet en soi. Il prend une toute autre dimension : des cubes transparents,
remplis de pigments flottants et de lueurs qui se déplacent. L’oeuvre
« dissèque » la tranche et le spectateur
découvre que les bords révèlent et font ressortir
« la crème de la peinture ». Ce sont des
dès de matière désassemblés dans lesquels
on observe toutes ces images imbriquées. La coupe transversale
laisse entrevoir les transparences et les couleurs superposées,
comme s’il s’agissait d’un « mille-feuilles »
coupé (tranché) avec un couteau effilé. Les titres
des toiles exposées en sont la preuve : « univers
tranché » (2004) ou « atmosphères
incandescentes en dissection » (2004). Ainsi, la matière
est tranchée, mais aussi l’air. Nous avons attrapé
dans un cube imaginaire un morceau d’atmosphère. « Matières
en gravitation » (2004) ou « les chemins dans l’air »
(2004), visions aériennes ou fragments célestes dont les
bords dévoilent les superpositions de transparences.
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Pero
una de las intenciones de este trabajo es que, a pesar de enfatizar en
la relación materia - objeto que se ha establecido, no se pierda
ni el lenguaje plástico característico del pintor ni tampoco
su contenido. Que se mantenga ese espíritu romántico y de
intento de evocación poética. P.ej., "Turbulences dans
l'aube" (2004). Que se siga manteniendo la idea de seguir creando
espacios de luces y colores en equilibrio. Armonía combinada con
sensaciones de profundidad. El hecho de que en estas nuevas piezas - y
dado el volumen- el plano central del cuadro no queda pegado a la pared,
acrecienta la sensación de profundidad. Eso es lo que observa el
visitante, que a medida que se mueve, se irá encontrando con nuevos
elementos. Por eso es muy importante cómo se sitúe o cuelgue
la pieza en ele espacio expositivo. El espectador se encontrará
con un cuadro diferente según desde qué punto de vista se
sitúe. A esto hay que añadir, que en algunos de estos cubos
matéricos, su mayor punto de tensión plástica no
tiene por qué situarse en el plano central del cuadro. Es el caso
de "Lueurs" (2004), donde una luminosidad roja descentra el
foco de atención hacia uno de los lados del cuadro.
Por eso está claro que el espacio condicionará el montaje
de estas obras (luego volveremos sobre esto).
Las obras están pintadas a ambos lados. Pero ¿qué
pasa con el arriba y abajo de estos dados pictóricos? En "Dreapping
dans peintre-objet" (2004) la materia se condensa y fluye en su "abajo".
Un "abajo" que es arriba pues el cuadro hay que colgarlo muy
alto, casi en el techo, para el que mira observe bien lo que pasa en la
pieza. |
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Cependant,
une des démarches de ce travail est que, en dépit du regard
porté sur la relation matière objet établie, le langage
plastique caractéristique du peintre ne se perd pas et son contenu
non plus, maintenant cet esprit romantique et la tentative d’évocation
poétique. « Turbulences dans l’aube »
(2004) poursuit l’idée de la création continue d’espaces,
de lumières et de couleurs en équilibre. C’est une
harmonie associée aux sensations de profondeur. Le fait que, sur
ces nouvelles toiles - et étant donné le volume - le plan
central du tableau est intemporel, accentue cette sensation de profondeur.
C’est ce que ressent le visiteur, qui, à mesure qu’il
se déplace, rencontre de nouveaux éléments. C’est
pour cette raison que l’emplacement choisi pour le tableau dans
le site d’exposition est très important. La toile se nuance
en fonction de l’emplacement et du point de vue du visiteur. De
plus, il est important d’ajouter que pour certains de ces cubes
de matière, le meilleur point de tension plastique n’a pas
besoin de se trouver au centre de la toile. Dans le cas de « lueurs »
(2004), une lumière rouge déplace le centre visuel jusqu’aux
bords de l’oeuvre.
Par conséquent, il est évident que le choix de l’emplacement
des toiles sera conditionné par l’espace (nous reviendrons
là dessus ultérieurement).
Les œuvres sont peintes sur les deux bords. Mais, que se passe t’il
avec le haut et le bas de ces dès picturaux ? Dans « Dreapping
dans peinture – objet » (2004) la matière est
condensée et s’écoule vers le « bas ».
Un « bas » qui se retrouve en haut, car il est nécessaire
d’accrocher le tableau très haut, presque au plafond, afin
que l'observateur ait le recul nécessaire pour contempler ce qui
se passe dans la toile. |
El
ojo del espectador, de esta forma, debería mantenerse dinámico
(esa es mi intención) a medida que se mueve en el espacio expositivo.
Y así volvemos sobre el tema del espacio. Hablamos en esta muestra
de la relación materia pictórica y objeto, pero yo añadiría
el término espacio. Porque estas piezas voy a instalarlas ( dado
que tienen una base de 15 y 14 cm) en el suelo, formando diferentes combinaciones,
cuyo resultado pretende ser una composición cromática entre
cuyas piezas puede pasear el espectador. Comprobando que siguen siendo
cuadros, pero instalados en el suelo. Puede ver así el haz y el
envés de la pintura. El bastidor y la parte pintada. Otra cercanía
con la obra. Y constatar que a partir de la pintura, y sin abandonarla,
se pueden ir alcanzando otras experiencia plásticas. Con una mirada
más abierta, percibirán de otra forma el objeto pictórico,
acostumbrado a verlo colgado sobre la pared. Al mismo tiempo, pueden hacer
un barrido visual del conjunto de piezas, como si sobrevolaran elementos
extraños. Y dependiendo del ángulo y distancia, podrá
observar a más o menos vista de pájaro los colores que coronan
la cabeza del cuadro. |
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De
cette manière, l’œil du spectateur doit rester dynamique
(ceci est mon intention) à mesure qu’il se déplace
dans le site d’exposition. Nous revenons ainsi sur le thème
de l’espace.
Cette exposition parle de la relation entre la matière picturale
et l’objet. J’ajouterais toutefois le terme d’espace.
Parce que je vais installer ces toiles au sol (il s’agit de cubes
dont la base fait entre14 et 15 cm), pour former ainsi différentes
combinaisons. Le résultat recherché est une composition
chromatique de toiles entre lesquelles le spectateur peut se promener
et vérifier qu’il s’agit bien de tableaux, mais installés
au sol. Il découvre ainsi l’endroit et l’envers de
la peinture. Le cadre et la partie peinte. Il s'agit d'une autre manière
d’appréhender l’œuvre, ce qui lui permet ainsi
de constater qu’à partir de la peinture, et sans l’abandonner,
il est possible d’aborder d’autres expériences plastiques.
Un nouveau regard, plus ouvert, lui permet de percevoir d’une manière
différente l’objet pictural, étant habitué
a toujours voir les toiles accrochées au mur. De plus, il lui est
possible de balayer visuellement toute l’oeuvre comme s’il
survolait des terres étrangères. En fonction de l’angle
et de la distance, il pourra observer, à la manière d’un
oiseau, les couleurs peintes au dessus du cadre. |
Conjuntos
de obras que pueden funcionar como una sola instantánea armónica,
pero efímera, que se desmonta. Y por eso está la foto, que
también será una obra en sí. Para la exposición
van algunas fotos. Dos que reflejan estas experiencias y que muestran
estas "familias" de objetos pictóricos se titulan "Instantáneas
cormáticas I y II", con una tirada de 5 ejemplares y de 21x25cm.
Hay otras fotos que reflejan estas experiencias y que también aparecerán
reproducidas en el catálogo, también de 5 ejemplares de
21x25 cm. (Estas fotos no se expondrán; se mostrarán para
así no perturbar el montaje de la exposición de estas "peintures-objet". |
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Il
s’agit d’un ensemble de toiles qui peuvent fonctionner comme
une seule et unique série harmonique, de façon instantanée,
mais éphémère et qui peuvent aussi se démonter.
Pour cela j’introduis la photo. Elle constituera une œuvre
à part entière. Quelques photos ont été prises
pour l’exposition. Deux reflètent ces expériences
et représentent ces « familles » d’objets
picturaux, intitulées « instantanés chromatiques ».
Elles sont tirées en cinq exemplaires de 21 x 25 cm.
D’autres photos reflètent ces expériences de perception
et apparaissent dans le catalogue. Elles sont également tirées
en cinq exemplaires de 21 x 25 cm (ces photos ne sont pas exposées,
ni montrées, pour ne pas perturber l’exposition de ces « peintures
objets »). |
""Ensamblajes
románticos" (2004), o "Momentáneas agrupaciones
matéricas" (2004), o "Volúmenes pictóricos"
(2004), son algunos de los títulos de estas fotos que reflejan
las expresiones efímeras (efímeras en el sentido que, en
este caso, luego se desmonta), donde se va a ver incluso que algunas de
estas estructuras cromáticas se sirven de piezas que ni siquiera
-alguna de ellas- estarán en la muestra. O se sirve de esos anchos
bastidores que son objetos pero sin pintar, con la tela virgen.
Yo creo que intento, en esta exposición, explorar la relación
que existe entre la materia pictórica, el objeto en sí,
y su ubicación en el espacio.
Me gustaría aprovechar todas sus posibilidades y combinaciones.
Vislumbrar nuevos caminos a partir de una mirada diferente hacia la pintura.
Con un fuerte abrazo, te saluda,
Alberto
Reguera.
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« Assemblages
romantiques » (2004) ou « regroupements de matières
momentanés » (2004) ou « volumes picturaux »
(2004) sont quelques uns des titres qui renvoient à des expériences
éphémères (éphémères parce que,
dans le cas présent, elles seront démontées) qui
révèleront ces structures chromatiques comme une prolongation
de ma démarche plastique –au moins pour quelques unes –
et même pas exposées. Ou bien on utilisera ces grands cadres
comme des objets, juste la toile à l’état brut.
Dans cette exposition, je crois que j’ai tenté d'explorer
la relation entre la matière picturale, l'objet pour lui-même
et son emplacement dans l'espace. J'aimerais pouvoir profiter de toutes
ces possibilités et de toutes ces combinaisons. Découvrir
de nouveaux cheminements à partir d’une vision différente
de la peinture.
Avec toute mon amitié,
Alberto
Reguera. |
CARTA
DE OSCAR ALONSO MOLINA PARA ALBERTO REGUERA.
Madrid, 10-31 julio, 2005
Querido Alberto:
Gracias por tu puntual y detallada información. Con ella casi he
podido realizar el viaje virtual completo por ese montaje definitivo en
la galería parisina que, me temo, no podré ir a ver en vivo.
Cuánto lo lamento ya..., aunque me queda el consuelo de la última
visita a tu estudio hace pocos días, cuando juntos componíamos
y recomponíamos los posibles arreglos entre las piezas dispersas
sobre el inmaculado suelo blanco, o las colgábamos en el muro poco
menos que al ras del techo, buscando los contrastes más armoniosos,
ritmos y cadencias, los encuentros pregnantes. Mientras, imaginábamos
el cambiante aspecto final en la sala de exposición de esos cuerpos
tuyos de encendido color que, de pronto, han decidido emanciparse de tantas
y tantas viejas usanzas de la pintura tradicional, y de la tuya propia:
como el efecto de ventana abierta en el muro, o incluso la idea de mapas
contemplados tras ella; la bidimensionalidad propia de lo pictórico,
su tensa planitud; el mínimo grosor de la imagen; el punto de vista
privilegiado del Príncipe...
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LETTRE
D'OSCAR ALONSO MOLINA POUR ALBERTO REGUERA.
Madrid,
le 10 juillet 2005
Cher
Alberto,
Je te remercie pour les informations détaillées et précises
que tu me fournis. J’ai pu, grâce à elles, exécuter
un voyage virtuel complet dans le plan d’aménagement définitif
de cette galerie parisienne. Hélas, je crains que je ne pourrai
pas y assister. Je le regrette énormément... Bien que je
me console un peu avec le souvenir de ma dernière visite dans ton
atelier, il y a de cela quelques jours, où ensemble nous avons
organisé et désorganisé entre elles les toiles éparpillées
sur le sol blanc immaculé. Nous les avons accrochées tout
en haut du mur, presque au plafond, dans une recherche de contrastes,
d’harmonies, de rythmes et de cadences et de rencontres puissantes.
Nous avons imaginé l’aspect final que donneront ces corps,
les tiens, aux couleurs enflammées, dans la salle d’exposition.
Mais, soudain, ils se sont émancipés de tant et tant d'emplois
obsolètes de la peinture traditionnelle et de la tienne :
comme une fenêtre ouverte au mur ou bien comme des cartes contemplées
au travers de celle-ci ; le côté bidimensionnel du tableau,
sa plénitude, l’épaisseur minimale de l’image,
le point de vue privilégié du Prince… |
Me
pregunto qué habrá pasado en la biografía de tu pintura
reciente para que, apenas sin avisar, todas aquellas certezas, y los fluidos
manejos que con ellas habías logrado -casi virtuosísticos-,
se hayan puesto ahora en cuestión y empieces a revisarlas con tanto
rigor como ahínco, con la esperanza, me decías allí,
de pedirle más a tu obra. Es un esfuerzo que, al sospechar las
enormes energías te va exigir llevarlo a cabo, lo confieso, me
admira afrontes como suplemento en la madurez artística. Pero,
al igual que tú mismo, no quiero perder la confianza de que saldrás
victorioso pues, como también sabemos ambos, esta es una de las
dinámicas más terribles e íntimas de todo proyecto
artístico convincente: devorar inexorablemente a todos aquellos
sobre los que hace presa, y que, en tu caso, permite augurar la propia
supervivencia como otro cuerpo. Ser consumido en el hacerse de la obra
–incluso terminar devorado por ella- para poder transformarla; naturalizar
las progresiones de lo propio en el acto creativo, canibalizarlas, para
conseguir ser artista todavía, aunque ya otro distinto. Por decirlo
bajo el ascendente del ahora tan denostado Clement Greenberg, cuya sombra,
sin embargo, creo que verás rondar en más de una ocasión
en estas líneas, semejante refundación de tu pintura es
la premisa necesaria para su propia perfectibilidad: en cuanto que alcanzar
un “estilo” implica, en buena medida, perder el contacto con
las tensiones formales de las que surgió. Haces mucho, y haces
bien, al preferir trabajar con otros problemas inéditos a pretéritas
soluciones bien conocidas y ensayadas. Con facilidad podrás hacer
tuya aquí aquella lúcida consciencia de Edmond Jabés
cuando aseguraba: “en el diálogo que pretendo, está
abolida la respuesta; pero, a veces, la pregunta es el fulgor de la repuesta.”
Así que, ojalá continúes tu trayectoria largo tiempo
y, entre tanto, si es logrando algunos éxitos en medio de tus rompecabezas
plásticos, mejor. |
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Que
s’est-il produit dans la biographie de ton œuvre récente
pour que, sans prévenir, toutes ces certitudes et, avec elles,
toutes ces influences fluides que tu avais atteintes et que tu maîtrisais
avec une grande virtuosité, aient été ainsi remises
en question ? Pour que tu te mettes à les réviser avec
tant de rigueur et d’acharnement. Avec l’espoir, selon tes
dires, d’en demander toujours plus à ta peinture. Il s’agit
d’un effort formidable, je m’en étonne, je le confesse,
imaginant l’énergie énorme que cela va te demander,
auquel tu fais face en supplément à ta maturité artistique.
Toutefois, de la même manière que toi, je ne veux pas perdre
confiance dans ta victoire finale, car, nous le savons bien tous les deux,
il s’agit là de l’une des dynamiques les plus terribles
et les plus intimes de tout projet artistique concluant : dévorer
inexorablement tous ceux qu’il attrape, ce qui permet, dans ton
cas, d’augurer la survie elle-même comme un autre corps. Être
détruit au cours de la construction de l’œuvre –
et finir même avalé par elle - pour pouvoir la transformer ;
naturaliser les progressions inhérentes à l'acte de création,
les cannibaliser, pour réussir à demeurer un artiste, bien
que déjà différent. Pour citer le tant récrié
et célèbre Clement Greenberg, dont l’ombre va flotter
sur ces lignes dans plus d’une occasion, de telles refontes de ton
œuvre constituent la prémisse requise pour sa propre perfectibilité :
le fait d’atteindre un « style » implique,
dans une large mesure, perdre le contact avec les tensions formelles desquelles
il surgit. Tu fais bien, et c’est important que tu le fasses, de
préférer aborder dans ton travail des problèmes inédits
plutôt que des solutions antérieures, déjà
connues et mises à l’épreuve. Tu pourras, avec une
certaine facilité, faire tienne cette conscience lucide d’Edmond
Jabés, lorsqu’il annonçait : « dans
le dialogue que je recherche, la réponse est abolie. Cependant,
parfois, la question est l’étincelle de la réponse. »
Ainsi, je me réjouis que tu poursuives ton parcours sur le long
terme et si, en plus, tu atteints le succès mérité,
à la mesure de tes casse-tête plastiques, c’est encore
mieux. |
Vamos
a pensar juntos ahora, querido Alberto, algunos límites conceptuales
de cuanto me enseñaste en el taller aquella mañana. Por
ejemplo, toda tu astuta tergiversación de muchos presupuestos característicos
de la pintura más ambiciosa del alto modernismo –el Grand
Style, que decía en los años cincuenta la crítica
norteamericana frente al arco tensado por Rothko y Pollock, o entre éste
último y De Kooning-, para seguir sosteniendo un modelo tan caro
a la teoría formalista, sólo que con otros medios y naturalizando,
además, gran parte de sus paradojas y restricciones. Como ocurre
con aquel mítico flatness greenbergiano que, por otro lado, tu
obra nunca ha querido asumir por completo sin reparos. El continuo replegarse
de las superficies en tu trabajo, mediante el sofisticado entramado de
texturas ópticas, apenas anunciadas en la entidad material del
cuadro, o los vívidos barridos de pigmento sin aglutinante, o las
mezclas imperfectas entre graso y magro, propician continuas alusiones
a la mirada extrema, efectos “micro” y “macro”,
en una estraboscopia que obliga a la mirada a oscilar la apreciación
de su distancia con respecto al plano del cuadro: del tejido orgánico,
con sus fibras y componentes, a la vista aérea, o las imágenes
tomadas desde un satélite; de costras, fluidos o humores internos,
a magmas, fumarolas, nubes de gas de una visión cósmica
que supera cualquier medición humana. Entre ambos, resta hipervisible
la propia entidad material del soporte, sus límites y acontecimientos
físicos... ¿qué mayor evidencia de estar ante un
cuerpo cierto? Por cierto, que es este mismo arrugarse de continuo el
plano del cuadro en un escenario de escalas cambiantes, el responsable,
a la postre, de mantener también tus escenas curiosamente equidistantes
de la abstracción y la figuración; o de otro modo: distanciadas
lo mismo de cualquier reminiscencia plausible al paisaje (en línea
con las teorías de Rosenblum sobre la herencia nórdica latiendo
en los fondos del expresionismo abstracto), que del puro ensimismamiento
de la obra en su formatividad, materialidad o elementos plásticos
fundamentales (informalismo, arte matérico). |
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Nous
allons maintenant, mon cher Alberto, examiner ensemble certaines limites
conceptuelles que tu m’enseignas cette matinée là,
dans ton atelier. Notamment, toute ton astucieuse tergiversation relative
aux motifs caractéristiques d’une peinture plus ambitieuse
du haut modernisme – le Grand Style, nommé ainsi dans les
années 1950 par les critiques nord américains face au pont
tendu par Rothko et Pollock ou entre ce dernier et De Kooning - pour poursuivre
le maintien d’un modèle si cher à la théorie
formaliste, avec des moyens différents et par le biais de la naturalisation
d’une grande partie de ses paradoxes et de ses restrictions. Comme
cela se produit avec le mythique concept greenbergien de flatness, que
ton œuvre d’ailleurs n’a jamais souhaité endosser
entièrement, sans n’opposer aucune objection. Je parle du
repli continuel des superficies dans ton travail, par l’intermédiaire
d’un treillis sophistiqué de textures optiques, à
peine annoncées dans l’entité matérielle du
cadre, ou de balayures vives de pigment sans liant, ou de mélanges
imparfaits entre gras et maigres, qui rendent propices les allusions au
regard extrême, effets « micro » et « macro »,
dans une stroboscopie qui oblige le regard à varier son appréciation
de la distance en fonction du plan du tableau : tissu organique,
avec ses fibres et ses composants, visions aériennes ou images
prises par satellite, aspérités, fluides ou humeurs internes,
magmas, fumerolles,nuages gazeux d’une vision cosmique, au delà
de toute mesure humaine. Entre les deux, l'entité matérielle
du support demeure hyper visible, avec ses limites et ses évènements
physiques… Comment peut-on douter après cela se trouver devant
un corps réel ? Il est évident, en fin de compte, que
ce même fait de repli continuel du plan du tableau dans un scénario
à échelles variables est responsable également du
maintien de tes scènes curieusement équidistantes entre
abstraction et figuration. Ou, autrement dit : espacées à
distance égale de n’importe quelle réminiscence plausible
du paysage (en ligne directe avec les théories de Rosenblum sur
l’hérédité nordique battant dans les bas-fonds
de l’expressionnisme abstrait) que du pur retrait de l’œuvre
dans sa formalité, son matérialisme ou ses éléments
plastiques fondamentaux (informalisme, art matériel). |
Impura,
pues, según los cánones de aquella modernidad ortodoxa,
tu pintura cata ahora, además, el gusto de lo teatral (theatricality)
en el sentido más literal de la palabra, y se postula dentro de
una abstracción redefinida, vía el cuestionamiento de su
posición disciplinar. Por un instante imagino divertido el desconcierto
de alguien como Michel Fried ante la evidencia de que sus alambicadas
ideas sobre la absorción y teatralidad podrían tener una
aplicación por completo inesperada en ese extrañamiento
de la abstracción que implica una lectura de tu pintura reciente
como imagen escenográfica. La construcción de tales “teatrillos”
es un elemento más de una barroquización, presumo que imparable
en tu trabajo futuro, en cuanto análisis metalingüístico
de las condiciones de aparición de la propia obra en un contexto
conceptual neutro; ese mismo que -¿por el momento?- prefieres no
cuestionar, pero en mi opinión te abriría vías inestimables
en este preciso momento. Así, paseando entre tus cajas, abiertas
por detrás –“sin espalda”, como terrorífica
y alucinadamente decía verse en ocasiones nuestro genial Luis Gordillo-,
se refuerza más todavía el aire de imperativa frontalidad
con márgenes, al modo de los medio relieves, que fuerza unos puntos
de vista en detrimento de otros, mas sin condenar ninguno, ni al ojo a
ser contraimagen especular del punto de fuga, como ocurre en la perspectiva
albertiana. Recuerdo cómo en el estudio, entre los bastidores que
se sostenían de pie gracias a su grosor recrecido en las últimas
etapas de tu trayectoria, parecías muy satisfecho ante esa perdida
de fijeza del plano compuesto por la suma de partes dispersas; pero, sobre
todo, se me ha quedado grabada tu insistencia y entusiasmo ante el hecho
inconstante, variable de la experiencia visiva que posibilita el plano
hipotético de esa obra total, dispersa ahora por el espacio de
exposición, y de la cual nunca veremos por completo suturadas sus
heridas, el entre de las cajas. |
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Impure,
donc, d’après les critères de cette modernité
orthodoxe, ton œuvre aujourd’hui, savoure en plus le goût
du théâtral (theatricality) dans le sens le plus littéral
du terme et se positionne dans une abstraction redéfinie, par le
biais d’un questionnement sur sa posture disciplinaire. Pendant
un instant, j’imagine et je m’amuse de l’étonnement
de quelqu’un comme Michel Fried, face à l’évidence
du fait que ses idées alambiquées sur l’absorption
et la théâtralité puissent avoir une totale et inespérée
application dans cet étrangeté de l’abstraction qui
implique une lecture de ton œuvre récente comme image scénographique.
La construction de tels « petit théâtres »
constitue un élément de plus ajouté à un certain
baroquisme, que je crois imparable dans ton travail futur, à partir
de l’analyse métalinguistique des conditions d’apparition
de l’oeuvre elle-même dans un contexte conceptuel neutre.
Celui-là même que – pour le moment ? - tu préfères
ne pas remettre en question, mais qui t’ouvrira, je pense, des chemins
inestimables à l’instant précis de son avènement.
Ainsi, en se promenant entre tes boîtes, ouvertes à l’arrière,
« sans dos », comme se voyait, terrifié et
en pleine hallucination, notre génial Luis Gordillo, l’impression
de frontalité impérative avec les marges est encore plus
forte, à la manière de demi reliefs, mettant en avant certains
points de vue au détriment d’autres, sans n’en condamner
aucun et sans obliger l’œil à être le reflet spéculaire
du point de fuite, comme cela est le cas dans la perspective albertienne.
Je me souviens à quel point tu semblais satisfait, dans ton studio,
au milieu des cadres qui se tenaient debout grâce à leur
épaisseur renforcée lors des dernières étapes
de ton parcours, devant cette perte de fixité du plan, composée
par la somme de ces éléments dispersés. Mais, par
dessus tout, j’ai pour toujours gravé en mémoire ton
insistance et ton enthousiasme, face à l’évènement
inconstant et variable de l’expérience visive, rendu possible
par le plan hypothétique de cette œuvre totale et complète,
maintenant dispersée dans l’espace d’exposition et
dont les blessures, l’entre des boîtes, ne seront jamais cicatrisées.
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Triple
discontuinidad, pues, del plano del cuadro como unidad (otro viejo mito
del modernismo que has decidido dejar atrás), pero también
de su vivencia fenomenológica: en primer lugar, la superficie privilegiada
se abre al objeto tridimensional cuando corre por los laterales de los
dados pintados y abrazan su volumen (Barbara Rose definió esta
conquista en su momento como crucial, con algo de exageración,
creo yo); en segundo, éstas mismas cajas articulan un continuum
sólo imaginario que el espectador está obligado a recorrer
para recibir –he aquí el tercer intervalo- a cada paso un
encuadre distinto. Por cierto, que al circular entre medias de tus instalaciones
de cuadros, nuestro ojo, por mucho que lo intente, nunca podrá
ocupar con exactitud el plano de cualquiera de esas unidades, opacas,
que se han convertido en el punto ciego de la obra (esa gota de tiniebla,
en la bellísima expresión de Celán); algo así
como el punto de inervación de un primitivo ojo compuesto, tal
el de algunos insectos, que ofrece como resultado una imagen poliédrica,
facetada (cubismo analítico) formada a partir de una serie de lajas
fragmentarias que se solapan entre sí. |
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Triple
discontinuité, donc, du plan du tableau comme unité (autre
vieux mythe du modernisme que tu as décidé de laisser de
côté), mais aussi de sa phénoménologie vivante :
En premier point, la superficie privilégiée s'ouvre à
l’objet tridimensionnel lorsqu’il courre sur les bords peints
des dès et embrasse tout le volume (Barbara Rose définissait
cette conquête à son époque comme cruciale, avec à
mon avis un peu d’exagération). En second point, ces mêmes
boîtes articulent un continuum uniquement imaginaire, que le spectateur
est obligé de parcourir pour percevoir à chaque passage
– et je tiens là le troisième point – un cadrage
différent. Il est évident qu’en circulant au milieu
de tes installations de tableaux, notre œil, malgré tous ses
efforts, ne pourra jamais occuper l’ensemble de ces unités
opaques, quelles qu’elles soient, qui se transforment en point aveugle
de l’œuvre (cette goutte de ténèbre, selon la
belle expression de Celán). Il s’agit alors de quelque chose
de semblable au point d’innervation d’un œil composite
primitif, comme celui de certains insectes, qui offre une image polyédrique,
à plusieurs facettes (cubisme analytique), formée à
partir d’une série de dalles fragmentées qui se recouvrent
l’une l’autre. |
Alberto,
¿percibes tú también en todo lo que te cuento un
mínimo desapego hacia el amor al fruto del trabajo que acontece
en el tuyo más reciente, y me llama tanto la atención en
tu caso particular? Bachelard recomendaría estar especialmente
atento a un indicio como este, en cuanto que indica siempre un origen.
Creo que, en pocas palabras, estás aprendiendo a distanciarte,
a despegarte; te retiras para intentar ver mejor, ahora que has rematado
el plano de tu pintura, y lo conoces de sobra. Propones un nuevo tipo
de perfeccionamiento, y de perfectibilidad, incluso. Queda un matiz importante
por aclarar: cuando hablo de distanciamiento pienso, sobre todo, en una
bajada de temperatura emocional al final, y sólo al final –espero-,
del proceso de construcción de la obra; cierta reserva conceptual,
mas nunca irónica (Witz), que se refuerza por amalgamar la práctica
de la pintura con otros aspectos que afectan a su perímetro, conceptuales
o físicos, más que a su contexto, como te apuntaba arriba;
es decir, y por poner algunos ejemplos fáciles de comprobar: el
desarrollo del grosor del bastidor; la continuidad del borde sobre el
ancho; el plantear su exhibición dentro de unas cajas o vitrinas
que, a modo de palimpsesto, superpongan los brillos a la superficie sin
poderse evitar; la creciente complejidad del margen disciplinar –objetualización,
bastidores agrupados a modo de escultura de bulto redondo, índice
fotográfico de la construcción efímera, etcétera-.
“Pedirle más a la pintura.” Así resumí
al comenzar esta carta tus esfuerzos confesos por adentrarla en territorios
cada día más intrincados que, en su caso, pasan sin excepción
por la contaminación y la mixtura; desgraciadamente, con demasiada
frecuencia, también por la mixtificación. De cualquier modo,
estoy seguro, no será porque temas que la vetusta doctrina de la
pintura no pueda sostenerse todavía como hasta hoy, con igual intensidad
y complejidad, sino más bien que, para ti, ella se torna ahora
con inusitada rapidez en punto de partida para un fraseo que la toma más
como pretexto, o quizá argumento no central de su evocación,
pero nunca anécdota. A la vista está que tus cuadros han
dejado de ser mero receptáculo dado de antemano para su depósito;
pero tampoco se erigen, como hubiese aspirado el puro aliento formal,
en campo abierto cuya unidad hay que permitir para que emerja, en lugar
de imponerla o forzarla. Qué momento más extraño
y excitante en tu trayectoria, Alberto. Por eso mismo:
se fuerte, y consérvate bueno.
Óscar Alonso Molina
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Alberto,
Ressens-tu toi aussi, à partir de ce que je te raconte, une légère
indifférence envers l’amour pour le fruit du labeur qui survient
dans ton travail le plus récent et qui attire tant mon attention
en ce qui te concerne précisément ? Bachelard recommanderait
d’être particulièrement attentif à un indice
comme celui-ci, pour autant qu’il indique toujours une origine.
Je pense, qu’en peu de mots, tu es entrain d’apprendre à
prendre tes distances, à te détacher. Tu t‘éloignes
pour essayer de mieux voir, maintenant que tu as achevé le plan
de ton œuvre et que tu le connais par cœur. Tu proposes un nouveau
genre de perfectionnement et également de perfectibilité.
Toutefois, il reste encore une nuance à éclaircir :
Lorsque je parle de distanciation, je pense avant tout à une chute
de température émotionnelle à la fin, et seulement
à la fin, du moins je le souhaite, du processus de construction
de l’œuvre. Une certaine réserve de nature conceptuelle,
mais jamais ironique (Witz), qui se renforce par l’amalgame de la
pratique de la peinture et des autres aspects, conceptuels ou physiques,
affectant son périmètre davantage que son contexte, comme
je te l’indiquais plus haut. C’est à dire, et pour
utiliser quelques exemples faciles à vérifier : l’épaississement
du cadre ; la continuité du bord sur la largeur ; l’installation
de l’exposition dans des boîtes ou des vitrines qui, à
la manière de palimpseste, superposent les éclats à
la superficie sans pouvoir l’éviter ; la complexité
croissante de la marge disciplinaire – objectualisation, cadres
regroupés à la manière d’une sculpture en ronde
bosse, indice photographique de la construction éphémère,
etc.…
« En demander toujours plus à la peinture »,
c’est ainsi que j’ai résumé, au début
de cette lettre, tes efforts avoués de faire pénétrer
ton œuvre dans des territoires chaque jour plus intriqués,
qui, dans le cas présent, passent tous et sans exception par la
contamination et le mélange. Et qui, malheureusement, passent également
trop souvent par la mystification. Cependant, je sais pertinemment que
ce n’est pas parce que tu crains que la doctrine vétuste
de la peinture ne puisse plus s’alimenter, comme elle l’a
fait jusqu’à présent, avec la même intensité
et la même complexité, mais c’est parce que, pour toi,
elle revient maintenant, avec une rapidité inhabituelle, au point
initial, pour un phrasé pris davantage comme prétexte, ou
peut-être comme argument non central de son évocation, mais
en tout cas, jamais anecdotique. Vu sous cet angle, il semble que tes
tableaux ne soient plus désormais de simples réceptacles
pré formatés pour être simplement déposés,
mais qu’ils s’érigent comme s’ils avaient aspiré
le souffle pur et formel, à l’air libre, dont l’unité
doit être confirmée pour qu’il émerge, au lieu
de l’imposer ou de la forcer. Quel instant étrange et excitant
dans ton parcours, Alberto. Pour cela même :
Sois fort et garde toi bien.
Óscar Alonso Molina |
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